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RATURES

AMANDA BARD

15.50€

Isbn: 9791096559145

Date de publication: 24 juillet 2025

Dimensions: 12 x 12 cm

Poids: 205. Gr

Langue: Français

Nombre de page: 202

Catégorie: Fiction

Jeanne, fille unique abandonnée par une mère démissionnaire, ricoche comme une boule de flipper, éperdue — et perdue — dans le labyrinthe de son existence. De Peau d'Âne à Pretty Woman, de règlements de comptes familiaux en passions amoureuses dévastatrices, de soirées parisiennes décadentes en hôpitaux psychiatriques, Jeanne, animée par un flamboyant désir de vie, mène un combat intérieur féroce contre ses démons. Ratures se savoure d'une traite, servi par un style incisif et un humour sans concession. Amanda Bard nous offre un premier roman à la fois sensible et puissant, tendre et détonnant.

Diplômée de l'ESSEC et formée au Cours Florent, Amanda Bard travaille pour de prestigieuses agences de publicité avant de fonder l'agence Rebirth, remarquée pour sa campagne Cessons d'être naïfs contre les violences faites aux femmes. 

Depuis 2020, elle se consacre à la sculpture, la peinture et l'écriture. Ses œuvres sont exposées en France et à l'étranger.

Ratures est son premier roman.

Maman a horreur des démonstrations d’affection ; elle dit qu’il n’y a rien de plus vulgaire que d’étaler ses sentiments. Pourtant, quand elle se met en colère, elle se moque royalement d’être vulgaire et les gros mots sortent de sa bouche comme les balles d’une mitraillette.

         – Maman ? On part en vacances ?

         Je reçois pour toute réponse une gifle magistrale. Elle porte exceptionnellement sa bague de fiançailles et j’en garde l’empreinte sur ma pommette jusqu’au lendemain. Manifestement irritée par mes pleurs et absorbée par la préparation de ses valises, elle fait l’impasse sur mon bain, sacro-saint rituel quotidien. Elle se contente de me mettre en pyjama, me fait avaler une Knacki froide, un petit-suisse et m’envoie me coucher en s’excusant de s’être énervée et de m’avoir frappée, mais en même temps, je n’ai qu’à pas traîner tout le temps dans ses pattes.

         Avant d’éteindre, Papa me lit un passage du Petit Prince. Nous aurons besoin l’un de l’autre. «Tu seras pour moi unique au monde. Et je serai pour toi unique au monde.» Il dit ça vraiment bizarrement, en appuyant sur chaque mot, comme la maîtresse quand elle nous fait une dictée.

         Quelques heures plus tard, je suis réveillée par un silence inhabituel ; je n’entends pas le rassurant va-et-vient de la machine à laver qui tourne d’ordinaire à cette heure.

         Le lendemain matin, je me faufile dans le lit des parents. Je bénéficie, de ce fait, d’un point de vue privilégié pour constater que ma mère a bel et bien déserté. Je ne m’en trouve pas désemparée pour autant. Pour tout dire, la perspective de pouvoir disposer de mon père sans rivale se révèle plutôt réjouissante.

         Ce n’est que plus tard, voyant comme il est désorienté par cette nouvelle configuration familiale, que je réalise qu’elle ne reviendra pas et qu’en claquant la porte derrière elle cette nuit-là, elle nous a purement et simplement abandonnés, comme certains se débarrassent de leur chien début juillet sur une aire d’autoroute.

Comme Papa ne semble pas envisager de m’équiper d’une mère de substitution, par reconnaissance, à moins que ce ne soit pour le consoler, je décide que nous jouerons désormais lui et moi au Papa et à la Maman.