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JESSICA N'A PAS TOUT DIT
SYLVAIN BUSSIERES
Isbn: 9791096559176
Date de publication: 19 novembre 2025
Dimensions: 14 x 21
Poids: 312. Gr
Langue: Français
Nombre de page: 237
Catégorie: FICTION
Après la spectaculaire et très médiatique arrestation de Jean Labatille pour les dizaines de meurtres épouvantables qu'il a commis, son épouse et son fils Lucien réussissent à se faire oublier dans une petite ville de province. Ay lycée, le lourd secret que porte l'adolescent le rend magnétique. Le voilà au centre de toutes les convoitises féminines. Parmi les prétendantes, Jessica a peut-être, elle aussi, bien des choses à dissimuler. Un polar psychologique de haut niveau, tordu à souhait, et dont le final est pour le moins renversant.
Sylvain Bussières est chef d'entreprise, il travaille le jour et commet d'irréparables romans la nuit. Mais on le soupçonne d'écrire aussi pendant ses heures de travail...
J’arrivai le premier. Le ciel de cette fin d’automne était gris et un vent frais agitait le feuillage du tilleul au pied duquel je m’assis pour attendre Isabelle. Quand le Noroît soufflait, il emportait dans la direction opposéeles éclats sonores de l’agitation du cœur de la ville, juste là, toute proche. Le parc qui la bordait s’emplissait alors d’un silence habité du bruissement des feuilles entre elles et de sifflements légers. Si le vent changeaitde direction, le phénomène s’inversait et le parc se trouvait corrompu par le bruit vulgaire des meutes urbaines. Ce jour-là, le Noroît était au rendez-vous et le parc calme. Je ne pensais pas à l’utilité de cetaspect des choses sur le chemin aller, mais il m’apparaîtrait au moment d’agir. Isabelle arriva, bravache, belle. Pour masquer sa victoire de me trouver au rendez-vous, elle m’ordonna de la suivre. L’escaladedébuta. Il se trouve que j’étais assez rompu à ce genre d’exercice et je parvins à faire bonne figure. À peu près à mi-hauteur de la frondaison, elle m’entraîna sur une branche assez horizontale qui nous permettait de nouséloigner du tronc et de nous trouver au-dessus d’un vide à une bonne quinzaine de mètres. Elle me félicita etme dit que c’était là qu’elle aimait se retrouver seule. Le vent nous menaçait et pour être franc, je n’enmenais pas large alors qu’elle semblait très à l’aise. Pourtant, nous entrâmes dans ce moment particulier, si délicieux, où l’on sort déjà ensemble sans s’être encore embrassé. Un silence plein s’installa tandis que nous regardions le sol.
— Tu aimes ? me dit-elle alors que nous étions assis l’un à côté de l’autre.
— Ça va.
Subitement, elle bascula en arrière et fit le cochon pendu, sans les mains, au-dessus de ce grand vide. Lasurprise provoqua chez moi une vive émotion. Elle me saisit et je mentirais en affirmant que je n’étais pas impressionné, j’étais incapable de faire une telle confiance à mon corps et de défier la pesanteur avec leseul concours de mes genoux. Sa chevelure de soleil pointait vers le sol, ses bras pendant dans unedécontraction forcée.
— Et ça, tu sais le faire ?
—…
— Viens, tu vas voir, c’est super.
C’est ici que j’eus ma première occasion. Mes yeux se fermèrent un temps très court pendant lequel je visualisai clairement le petit geste que j’avais à faire, sa chute lourde et ma fuite facile dans la rue commerçante. J’ouvris les yeux et ne tremblai pas pour soulever ses fines chevilles et la faire basculer. Son crifut emporté par le vent avec le bruit des feuilles. Le craquement sec de ses vertèbres au contact du sol me fitl’effet d’un coup de canon commémoratif. Certain qu’elle était morte sur le coup, je fus instantanémentapaisé. Pour la première fois, le frisson magique se déversa en moi. Un flot de sensations fortes,transcendantes et mystiques. La mort, quelle émotion ! Je descendis sans précipitation, ne m’attardai pasdans la contemplation de ce corps devenu pantin désarticulé, quittai les lieux sans croiser âme qui vive encore.La cité m’absorba.