HEUREUX, PRESQUE OU SI PEU

Après avoir suivi un parcours littéraire, Corinne Desthieux a vécu en Afrique pendant dix ans. À son retour elle a intégré un cabinet de marketing, puis a tenu un commerce pendant quinze ans. C'est à la suite de la perte de son fils qu'elle a décidé de se mettre à l'écriture, et nous livre un récit brut mais sensible sur le mystère bien caché de cet enfant, entre révolte et résilience. «Le silence ça raconte de mauvaises choses», dit-elle.

L'après-midi du 19 novembre, un vendredi, Antoine part pour Agen. Il doit y travailler pour une mission ponctuelle. Son arrivée est prévue vers 21h30. Il téléphone à Jesse, son amoureuse, à cette heure-là ou à peu près.

Il est énervé, il a bu, il est en colère, c'est son denier appel. Jesse tente de l'apaiser, en vain. Il raconte que la police l'a interpellé, mais c'est le covid, le couvre-feu, les restrictions de circulation. 

Il ment.

Il dit avoir été retardé à cause de cela. Il est confus, incohérent. Le tumulte s'installe dans sa tête. Il perd les pédales.

C'est une soirée, une soirée secrète, une soirée de plus, une soirée de trop... C'est cette dernière soirée qui l'a tué. Personne ne le sait encore.

(...)

Ariane et moi sommes éberluées. Jesse nous regarde. À son air, nous comprenons qu'elle sait quelque chose que nous ignorons.

Les questions qui se bousculent dans nos cerveaux en état de choc restent en suspens sur nos lèvres. Nous sommes muettes. Que va-t-elle nous révéler? Décidément, nous sommes toujours les dernières informées. Les policiers lors de nos auditions avaient deviné certains de tes comportements et s'étaient tus.