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Fatalités

KURT TIDMORE

19.90€

Isbn: 9791096559053

Date de publication: 25 août 2023

Dimensions: 21x14x1,4 cm

Poids: 297. Gr

Langue: Français

Nombre de page: 222

Catégorie: FICTION

Le meurtre d'un garçon, des amoureux qui planifient leur fugue, un couple de pionniers face à une nature sans pitié, la disparition d'un enfant, une mère qui rejette le choix de sa fille, une vieille tante et son soupirant, deux frères en fuite, un veuf impliqué malgré lui dans le déchirement de ses jeunes locataires, un jeune père confronté à la stupidité ambiante. Tous les protagonistes de ces histoires à la fois émouvantes et cruelles sont nos miroirs. Chez Kurt Tidmore, une empathie profonde pour ce que nous sommes cohabite avec une distance froide sur la fatalité, le tout servi par une écriture ironique.

Kurt Tidmore a grandi au Texas. À l'université, il a commencé des études en économie et en droit international, mais sa passion pour la photographie l'a vite détourné de ce chemin. Il est devenu photographe technique en chef pour un grand institut de recherche scientifique et médicale, tout en exposant régulièrement ses photographies personnelles dans des galeries.

Dans la trentaine, il a décidé de tourner la page de la photographie pour se consacrer à l'écriture. Il a d'abord travaillé dans la rédaction technique et publicitaire avant de se lancer dans la fiction, obtenant une Maîtrise en écriture créative à l'Université de Lancaster, au Royaume-Uni. Après plusieurs années passées en Europe, il est retourné aux États-Unis, où il a publié son premier livre, Bigger’n Dallas, publié à New York.

Depuis, il a collaboré comme critique littéraire pour le Washington Post et le Boston Globe et a également travaillé comme rédacteur pour plusieurs magazines nationaux. Aujourd'hui, il vit en Irlande avec sa femme. Il est également musicien de jazz.

Extrait de PLAN DE FUGUE

Ella Bannister grandit dans un ranch qui avait été transmis par deux générations de sa famille paternelle. L'eau y était bonne, les pâturages convenables et il y avait même un peu de pétrole, si bien que sa famille était considérée comme riche selon les critères locaux. Elle et ses parents aimaient le ranch, mais pour des raisons différentes. Ses parents l'aimaient pour son isolement. Ni l'un ni l'autre n'était à l'aise avec les gens, et ils pensaient que le ranch les protégeait, ainsi qu'Ella. Mais Ella l'aimait surtout parce qu'elle aimait ses parents et parce que le ranch était tout ce qu'elle connaissait.

Son amour était cependant mêlé de frustration, car elle avait dix-sept ans et était considérée comme la plus jolie fille du county. Elle avait le désir bien normal à son âge de se mêler à d'autres jeunes gens, et elle lisait beaucoup de romans d'amour, ce qui lui laissait croire que la vie devait être plus excitante qu'elle ne l'était en réalité. Ainsi, au lieu que la solitude du ranch la protège, comme l'espéraient ses parents, elle provoquait et renforçait les idées qu'elle tirait de ses livres en ne leur apportant aucune contradiction. Ses parents finirent par s'en rendre compte, mais au lieu d'essayer de remédier à ses croyances erronées en l'exposant davantage à de vraies personnes, avec de vrais défauts et de vraies manies, ils firent ce que les gens font presque toujours, c'est-à-dire continuer à agir comme d'habitude s'imaginant que, d'une manière ou d'une autre, contre toute logique, cela finirait par marcher. Ils lui achetèrent également un cheval dans l'espoir de la distraire.

Le seul contact d'Ella avec le monde extérieur se faisait donc lorsqu'elle se rendait en ville plusieurs fois par mois avec ses parents et qu'elle rencontrait les foreurs et les durs qui venaient au ranch pour le travail du pétrole et les cow-boys qui venaient pour le bétail.

L'un de ces cow-boys était un jeune homme nommé Harlan Loper. Il était du type de ceux que l'on rencontre souvent dans les ranchs : pas expert en quoi que ce soit, mais doué pour beaucoup de choses. Il pouvait réviser un tracteur, castrer un taureau, couvrir le toit d'une grange ou installer une clôture de barbelés. Il gagnait parfois sa vie en conduisant un camion de fourrage, parfois en soudant des barrières et des protections pour le bétail, mais il gagnait surtout sa vie en ferrant des chevaux, et c'est ainsi qu'Ella et lui se rencontrèrent.

Si un homme avait été conçu pour appâter Ella, il aurait ressemblé à Harlan : vingt ans, pas particulièrement grand, mais long de jambes, étroit de hanches et large d'épaules, avec une expression faciale qui (pour Ella, du moins) semblait cacher un secret douloureux. Et comme il ne parlait pas beaucoup, ce qui signifie qu'il ne l'interrompait jamais et ne la contredisait jamais, c'est le plus facilement du monde qu'elle commença un jour à lui parler du type de fers que son cheval devait avoir et qu'elle continua à causer jusqu'à ce qu'elle finisse par lui dire des choses qu'elle n'avait jamais révélées à personne d'autre. Il l'écouta si patiemment et avec tant d'attention qu'elle le considéra comme étant la personne la plus intéressante et la plus sympathique qu'elle ait jamais rencontrée. Et ce sentiment n'était pas à sens unique.

La mère d'Harlan était morte quand il était tout jeune enfant et son père avait déménagé alors qu'il n'était encore qu'un petit garçon, si bien qu'il avait plus ou moins grandi en compagnie d'hommes plus âgés, souvent abrupts et dédaigneux. Aucune fille ne lui avait jamais parlé comme Ella. De plus, elle était jolie et riche. Par conséquent, s'il était un appât pour elle, elle l'était aussi pour lui. Et lorsque, ce jour-là, le cheval fut ferré, l'atmosphère entre eux était devenue tellement surchauffée qu'ils pouvaient à peine se regarder dans les yeux et que chacun d'eux était consterné à l'idée de laisser l'autre simplement s'éloigner. Mais après un bon moment, ni l'un ni l'autre ne purent trouver le moyen de faire durer la tâche plus longtemps, et finalement Harlan soupira et dit : "Bon, je crois que je ferais mieux d'y aller".

Paniquée, Ella s'empressa de bafouiller : "J'espère vous revoir." Puis ils rougirent tous les deux jusqu'à la racine des cheveux et se mirent à sourire comme des idiots.

Ce soir-là, au dîner, Ella fit remarquer qu'Harlan s'était très bien occupé de son cheval. Ce à quoi son père répondit qu'un maréchal-ferrant incompétent ne durerait pas longtemps. Quelques minutes plus tard, Ella ajouta qu'il semblait également très poli et intelligent. Ses parents s'arrêtèrent simultanément de mâcher et échangèrent un regard alarmé.

Extrait de SANS LAISSER DE TRACES

La maison de Martin et Louise Tipton était sise sur un hectare et demi à la périphérie de la ville et était adossée à un petit bois, dernier vestige des forêts qui couvraient autrefois le territoire. Aussi, lorsque leur fils Teddy disparut, c'est là qu'ils pensèrent qu'il était allé.

Teddy avait six ans et ressemblait à un chérubin blond et rondouillard dans un tableau de la Renaissance. Il était sorti jouer avec son frère Robert, qui avait deux fois son âge. Enfin, il ne jouait pas vraiment, car les garçons de douze ans n'ont que faire de ceux de six ans, si ce n'est pour en faire l'objet de leurs sales farces. Il s'était surtout tenu à l'écart pendant que Robert lançait une balle de baseball aussi haut qu'il le pouvait et la rattrapait de façon spectaculaire, encore et encore, sous les applaudissements de la foule dans sa tête. Louise avait envoyé Teddy dehors pour qu'il ne soit pas dans ses pattes pendant qu'elle lavait le sol de la cuisine, et elle avait jeté un coup d'œil par la fenêtre une fois pendant qu'elle travaillait et l'avait vu. Tout allait bien à ce moment-là. Alors, quand elle regarda à nouveau et ne le voyait plus, elle supposa qu'il était sous la fenêtre, se tenant éloigné de Robert. Ce n'est que lorsque Robert rentra et demanda s'il pouvait avoir quelque chose à manger qu'ils réalisèrent que Teddy n'était pas là.

Louise sortit sur le porche arrière et appela en direction des bois : "Teeeddy! Teeeddy!", en donnant à son nom une inflexion montante et descendante comme quelqu'un qui vendrait des journaux. "Teeeddy! il est temps de rentrer!" Pas de réponse. Elle se dirigea vers le côté ouest de la maison où Robert avait joué. "Et Teddy ?" demanda-t-elle à Robert, "Où est-il passé ?" Il haussa les épaules. "Tu as dû voir où il est allé." Il haussa encore les épaules.

Elle alla devant la maison et regarda la route à droite, vers la ville à un kilomètre, et à gauche, vers la ville à soixante kilomètres. "Teddy ?!" appela-t-elle, perplexe. Une voiture passa, puis un camion, et elle vit leurs occupants la regarder, se demandant ce qu'elle faisait. Au-dessus du champ, de l'autre côté de la route, un oiseau de proie flottait dans l'air, presque immobile, inclinant légèrement ses ailes pour s'équilibrer dans le bleu vide. Hormis cela, la scène était comme figée dans une peinture.